Espérer contre toute espérance
- Monique REYNAUD
- 25 avr.
- 6 min de lecture
(Rm, 4,18)

Dans Apocalypse 2 au verset 7, nous lisons : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Eglises ; au vainqueur, je lui ferai manger de l’arbre de vie placé dans le paradis de Dieu » Notre saint père François, écoutant ce que l’Esprit dit aux Eglises, le 9 mai 2024, dans la bulle d’indiction du jubilé ordinaire de l’année 2025, Spes non confundit « l’espérance ne déçoit pas », (Rm 5, 5) nous invitait à devenir « Pèlerins de l’espérance » Dans Apocalypse 21, 3-4, nous lisons : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes, il aura sa demeure avec eux, ils seront son peuple, et lui, Dieu avec eux sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux » Combien de belles promesses trouvons-nous dans l’Ancien et le Nouveau Testaments ? Combien de fois pouvons lire : « N’aie pas peur, sois sans crainte ou ne crains pas » ? Dans 1 Pierre 3, 15 que lisons-nous ? « Soyez toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous dès que quelqu’un vous demande vos raisons » C’est dans cet esprit que nous reprenons une grande partie d’un article intitulé : Quand espérance rime avec persévérance, publié dans notre journal n° 67 au 2ème trimestre 2011. Nous écrivions alors : L’espérance fait partie des vertus théologales enseignées par l’Eglise. Le pape Jean-Paul II nous avait déjà invités à « entrer dans l’espérance », le pape Benoît XVI nous affirmait dans son encyclique Spe Salvi que nous sommes « sauvés dans l’espérance » On nous a souvent demandé en quoi consistait notre prière pour l’espérance chrétienne comme si nous avions si peu de foi, d’espérance, de charité que nous ne puissions prier pour obtenir toutes les promesses que Dieu nous fait, en priant pour les vivants et pour les morts, pour ceux qui ne sont pas encore convaincus, ceux qui ne veulent pas se laisser convaincre ou qui portent de lourdes croix, que Dieu est Amour et maître de l’impossible. Jésus nous dit en Jean 15, 14 : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » et au verset 16 : « C’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne » Dieu est le but ultime de notre prière qui nous conduit au bonheur qu’il nous promet. Chaque jour, nous voyons le verbe espérer conjugué à toutes les personnes (je, tu, il ou elle, nous, vous etc..). Toutes ces expressions se rapportant à un vœu, un souhait, une aspiration, un désir, un espoir. Dans le dictionnaire, l’espérance c’est l’attente d’un bien qu’on désire. Quelle différence avec l’espérance chrétienne ? Pour Saint Séraphin de Sarov : « La véritable espérance ne cherche que le Royaume de Dieu » Dans le CEC, au n° 64, nous lisons : « Par les prophètes, Dieu forme son peuple dans l’espérance du salut, dans l’attente d’une Alliance nouvelle destinée à tous les hommes » Au n° 162 : « Pour vivre, croître et persévérer jusqu’à la fin dans la foi nous devons la nourrir par la Parole de Dieu ; nous devons implorer le Seigneur de l’augmenter ; elle doit agir par la charité (Ga 5, 6) ; être enracinée dans la foi de l’Eglise « Espérant contre toute espérance » (Rm 4, 18). Au n° 274 : « Rien n’est donc plus propre à affermir notre foi et notre espérance que la conviction profondément gravée dans nos âmes que rien n’est impossible à Dieu » Que nous disent les écritures ? En Jésus Christ nous avons l’espérance d’obtenir le pardon de nos péchés, le trésor de la grâce, la vie éternelle, parvenir à la sainteté.
L’espérance naît de la foi dans les promesses de Dieu (Ep 3, 5-12). L’espérance donne à la foi sa force, nous espérons ce que nous ne voyons pas (He 11, 1) et même ce que nous n’oserons imaginer (2 P 1, 4). L’espérance signifie persévérance et constance dans les épreuves (Jc 1, 2-4) et Jésus nous dit : « Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! Moi, j’ai bel et bien vaincu le monde » (Jn 16, 33). Nous espérons partager la gloire de Dieu parce que nous le verrons (1 Jn 3, 2). Nous ressusciterons ensemble (1 Co 15, 23) pour voir Dieu (1 Co 13, 12) et former un seul corps dans le Christ (Eph 2, 16-22). Espérer, c’est avoir l’assurance que Dieu ne nous abandonnera jamais parce qu’il est amour et fidèle à sa parole. Notre espérance prend sa source en Dieu qui vient à notre rencontre. L’amour de Dieu nous invite à la confiance et à la pleine sécurité en lui. Nous ne devons pas douter de son soutien. Nous savons qu’en Dieu seul nous trouvons le bonheur et notre but. L’espérance est notre héritage (Lc 18, 18). Dans un petit catéchisme, nous lisons : « Notre espérance se fonde sur les mérites infinis de Jésus Christ, qui donnent leur valeur à nos bonnes œuvres ; aussi est-ce en son nom que nous devons adresser à Dieu nos prières » Le pape Benoît XVI écrivait dans son encyclique au n° 3, que : « parvenir à la connaissance de Dieu, cela signifie recevoir l’espérance » au n°32 que : « un premier lieu essentiel d’apprentissage de l’espérance est la prière » et au n°34 : « l’espérance dans le sens chrétien est toujours aussi espérance pour les autres. Elle est une espérance active » Pour le Cardinal André Vingt-Trois : « L’espérance chrétienne n’est pas seulement une manière de penser. L’espérance chrétienne est l’affirmation d’une certitude du bonheur auquel Dieu nous appelle et qu’il nous donne déjà de connaître à travers les épreuves de ce temps et jusqu’à la mort incluse. L’espérance chrétienne, c’est l’appel le plus fort à l’exercice de notre responsabilité humaine, à notre intelligence et à notre liberté. Elle nous conduit à prier avec confiance, non seulement pour nous-mêmes, mais encore pour tous les hommes soumis aux tribulations et aux souffrances de ce monde » L’espérance nous soutient jusqu’à ce que notre foi se concrétise. L’espérance, c’est la foi conjuguée au futur. En elle nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide. C’est notre joie de nous savoir aimés. « L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons et attendons de Dieu la vie éternelle comme notre bonheur, mettant notre confiance dans les promesses du Christ et comptant sur l’appui de la grâce du Saint Esprit pour mériter la vie éternelle et pour persévérer jusqu’à la fin de notre vie sur la terre » (CEC Abrégé n° 387). Saint Paul nous demande de « Revêtir la cuirasse de la foi et de la charité avec le casque de l’espérance du salut (1 Th 5, 8). Dans la foi, par la charité, avec l’espérance, nous produisons des œuvres spirituelles et corporelles. Dans le Credo nous disons que nous croyons que Jésus viendra juger les vivants et les morts, nous croyons à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Notre mission est de prier pour les vivants et les morts, ce que nous faisons à chaque Eucharistie. La prière pour les défunts remonte aux origines de l’Eglise. « En attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, les uns parmi ses disciples continuent sur terre leur pèlerinage ; d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin sont dans la gloire contemplant la pleine lumière » (Lumen Gentium n° 49). Saint Cyrille de Jérusalem disait : « nous prions pour tous ceux qui se sont endormis avant nous, croyant qu’il y aura très grand profit pour les âmes, en faveur desquelles la supplication est offerte » Pour le pape Jean XXIII : « la communion des saints est un point du Credo apostolique toujours mystérieusement vivant et apaisant » Persévérons dans la prière pour que grandisse l’espérance chrétienne dans le monde. Soyons de ceux qui relèvent les fondations, qui réparent les brèches, qui restaurent les chemins (Is 58, 12), pour être comme un jardin arrosé, comme une source jaillissante dont les eaux ne tarissent pas (Is 58, 11), c’est-à-dire : une source de bénédictions pour nos frères. La prière individuelle et collective pour l’espérance, c’est la foi en action. Par Dieu, avec lui et en lui, soyons missionnaires de l’espérance. (fin des extraits)
En cette année sainte, demandons au Seigneur, de faire de nous des pèlerins de l’espérance, des missionnaires pour travailler à sa vigne et : « Aller dans le monde entier proclamer l’Evangile à toute la création » (Mc 16, 15), pour que nous semions dans la bonne terre, que nous portions du fruit qui demeure. Prions pour que grandissent la foi, l’espérance, la charité, l’amour, la paix, la solidarité, que nous soyons miséricordieux, que nous soyons sel de la terre et lumière du monde (Mt 5, 13-16), pour que nous soyons comme l’arbre planté au bord d’un ruisseau (Ps 1, 3), pour que nous demeurions dans le Seigneur et le Seigneur en nous (Jn 15, 1-8) en attendant le retour glorieux du Fils de l’homme (Mt 16, 27), cet avènement du Christ dans sa plénitude (Ep 4, 13) dans laquelle Dieu sera tout en tous (1Co 15, 28) car « Toutes les promesses de Dieu ont en effet leur oui en lui » (2 Co 1, 20-22).
« Gardons indéfectible la confession de l’espérance, car celui qui a promis est fidèle » (He 10, 23)
« Que le Seigneur affermisse ainsi nos cœurs irréprochables en sainteté devant Dieu, notre Père, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints » (1 Th 3, 13).
« A vous grâce et paix en abondance, par la connaissance de notre Seigneur » (2 P1, 2).
« Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous » (Ap 22, 21).
Monique Reynaud
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